Occupation transitoire : trois facteurs de réussite
9 déc. 2020

Occupation transitoire : trois facteurs de réussite

Depuis quelques années, des organisations comme Entremise font évoluer les pratiques urbanistiques en favorisant l’occupation temporaire et collective de locaux vacants. Une approche innovante à découvrir.

On a vu naitre le phénomène en Europe, et il s’affiche de plus en plus au Québec. Les friches urbaines deviennent des milieux de vie. Des lieux vides et gris reprennent des couleurs et accueille des incubateurs de projets, des activités de médiation cultuelle, des associations communautaires. Cette conversion temporaire d’un lieu en attendant un projet pérenne, on l’appelle occupation transitoire.

Ce type d’initiatives permet de réduire les coûts d'inoccupation des locaux, tout en permettant d’explorer des solutions à long terme pour redynamiser le territoire. En interagissant avec les usagers, il devient possible de configurer en amont les futurs usages du site. Cécile Duguet est urbaniste à l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme Île-de-France : «Seuls les projets d'occupation transitoire ont un caractère durable de l'aménagement final. Cela permet de poser collectivement les bonnes questions pour lutter contre une trop grande uniformité des aménagements ou leur obsolescence rapide. » *ajouter source

Pour Philémon Gravel, cofondateur d’Entremise, la requalification de bâtiments vétustes doit souvent être justifiée par un projet d’envergure, ce qui prend souvent plusieurs années à mettre en place. Et pendant cette période de vacance, le bâtiment physique se dégrade. « Une ancienne église qui est vide pendant 10 ans disparaît tranquillement de l’imaginaire et de l’intérêt des gens. Pour justifier un projet, il faut d’abord que les gens la connaissent et l’occupent.» En savoir plus

Éléments à considérer pour une occupation transitoire réussie :

  • Adapter nos pratiques. L'intégration de l’occupation transitoire nous oblige à nous ajuster. Le défi est de trouver un équilibre entre un plan d’urbanisme classique très normé et une démarche qui fait place à l’inconnu et la créativité. Sur le terrain, les intervenant.e.s doivent notamment se montrer ouvert.e.s et agiles face aux nouveaux besoins et usages qui émergent en cours de route.
  • S’assurer de l’adhésion de toutes les parties prenantes. Par exemple, il est essentiel qu’il y ait une volonté politique de changement. Dans le cas du processus de revitalisation de la rue Notre-Dame à Pointe-aux-Trembles opéré par la Société de développement Angus, l’Arrondissement et le ministère de la Métropole sont impliqués et actifs. En savoir plus
  • Communiquer clairement. Il faut des outils adaptés aux collectivités. Les urbanistes connaissent le langage spécialisé de leur discipline, mais pas nécessairement les communautés. D’où l’importance de développer un langage commun afin de pouvoir imaginer, ensemble, des modèles innovants qui répondent aux attentes du territoire. Le projet Courtepointe dans l’Est de Montréal illustre bien ce dialogue : une murale colorée, des tables à pique-nique conviviales et une référente allumée qui accueille le public sur les lieux, anime la discussion et favorise l’usage des bâtiments vacants.

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Envie d’en savoir plus?

Consultez le rapport Réflexion collective sur les usages temporaires dans les bâtiments vacants

Revitalisation de la rue Notre-Dame Québec